Du commerce maritime méditerranéen par les grands peuples de l’Antiquité à la découverte de la route des Indes par Vasco de Gama, en passant par les grandes aventures et exploration de l’âge des Vikings : la navigation à la voile a permis à l’homme de s’étendre et de pouvoir échanger au-delà des frontières terrestres !
L'arrivée des porte-conteneurs
Cependant, ce n’est qu’en 1956 que le commerce maritime mondial connut une tournure majeure : l’invention du conteneur par l’américain Malcom McLean. Cette innovation a permis de standardiser le mode de stockage afin de pouvoir optimiser l’espace à bord des navires, mais surtout de gagner un temps précieux ($$) lors du chargement et déchargement de ces derniers. De plus, l’évolution technologique a permis de construire des porte-conteneurs pouvant atteindre jusqu’à 400m de long pour une capacité d’environ 180 000 conteneurs !
Ce mode de transport a réussi à devenir tellement rentable qu’aujourd’hui, près de 90% des marchandises mondiales passent par la mer !
Les dessous des porte-conteneurs
Mais cette hégémonie ne se fait pas sans y laisser des traces.
Pollution de l’air
En Europe on estime qu’environ 50 000 décès prématurés sont causés annuellement par la pollution atmosphérique provenant du transport maritime !
La raison principale est que les navires de fret utilisent un fuel lourd qui, lorsqu’il est brûlé, émet de grandes quantités de polluants : les particules ultra-fines, les oxydes de soufre (SOx), les oxydes d’azote (NOx) ... Pour ce dernier, le transport maritime mondial contribuerait à hauteur de 15% des émissions totales. On peut le voir facilement sur cette image où l’on retrouve à gauche la position AIS des cargos et à droite l’évaluation des concentrations en NOx :
Légende : septembre 2019 à gauche site internet marine trafic / à droite : site internet Windy/Copernicus
Détérioration de la biodiversité marine
Les ballasts (réservoirs d’eau des bateaux) qui permettent de stabiliser le navire peuvent transporter de grandes quantités d’eau d’un bout à l’autre de la planète. Cependant, elles peuvent contenir certains voyageurs clandestins comme des œufs de mollusques, de poissons, des bactéries, des microbes ... Or, l’opération de vidange peut avoir pour impact d’introduire dans le milieu des espèces venant concurrencer les espèces indigènes de l’habitat.
Pollution sonore
En plus de l’impact des collisions sur les mammifères marins dont nous avons déjà parlé, le trafic maritime mondial a un réel impact sur les cétacés. Ces géants des mers sont dépendants des sons pour communiquer, s’alimenter ou se déplacer. Cependant, nos cargos émettent de puissants sons à basse fréquence voyageant sur de grandes distances et qui, en plus d’autres activités anthropiques dérangeantes, viennent perturber ces animaux dans leur environnement.
Baleine à bec de Blainville, Mathieu Marzelière
Bien qu’il faille repenser nos modes de consommation et s’engager à revenir à une consommation plus locale, le commerce maritime international ne s’arrêtera pas du jour au lendemain.
Pour faire face aux enjeux sociaux environnementaux actuels et limiter son impact, cette industrie n’a pas d’autre choix que s’adapter. Et pour ce faire, pourquoi ne pas regarder en arrière pour aller de l’avant ?
NeoLine et le retour à la voile
NeoLine est l’initiative de professionnels du secteur de la marine marchande. Ce type de navire peut être une des solutions pour répondre à certains enjeux vus précédemment. Ils visent à combiner la technologie actuelle de la construction navale et du transport maritime, mais en reprenant un moyen de propulsion qu’utilisaient nos anciens navires marchands : la voile !
Le premier navire-pilote (long de 136m) est prévu entre 2020 et 2021, ce projet est donc sur le point de voir le jour.
Avec une réduction de vitesse d’exploitation à 11 nœuds (contre une moyenne de 25 nœuds pour les cargos) et grâce à ces 4200 m2 de gréements rabattables, ils prévoient ‘’ d’économiser entre 80% et 90% de la consommation de fuel, tout en assurant un service compétitif et efficace.’’ Cela permettra de réduire par la même occasion de manière non négligeable la pollution atmosphérique de ce type de bâtiment, en venant notamment supprimer les émissions d’oxyde d’azote et de soufre.
Ce combo permettrait, selon les constructeurs, de réduire de moitié le coût énergétique par mille parcourus. Et, par la même occasion, de pouvoir prévenir d’éventuelle collision avec les baleines et les mortalités des cétacés liées à des collisions. De plus, ayant une propulsion principale vélique et une propulsion auxiliaire diesel/électrique, l’on peut envisager que ce type de navire permettrait de réduire l’impact sonore sur le monde marin.
Pour en apprendre davantage sur l’impact mondial du transport maritime : non-respect des droits du travail, exonération de taxes, conteneurs perdus en mer … : nous vous conseillons le documentaire de Denis Delestrac ‘’Cargos – La face cachée du fret’’.
Et vous, aimeriez-vous que le transport maritime repasse par la voile?
Références :
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