Heureux est le navigateur qui sait où il se trouve!
Alors si aujourd’hui la grande majorité d’entre nous se fie à notre point GPS, cette petite flèche rouge qui brille sur notre chartplotter ou traceur préféré, nombreux seraient ceux qui ne sauraient pas se retrouver sans! Une connexion défectueuse, une mise à jour qui fait planter le traceur ou un bris quelconque peut être vite arrivé. Dans le cadre d’une navigation côtière, ressortir sa carte papier et prendre des repères pour se retrouver peut se révéler relativement simple, mais en haute mer c’est toute une autre histoire!
C’est là que la navigation au sextant prend toute son importance. Habitués aux facilités que nous amènent les révolutions technologiques on oublie parfois que le GPS n’a été à portée du public qu’à partir des années 2000!
Partager le mystère de la navigation astronomique à bord
Nous avons fait le test lors de notre traversée de l’Océan Pacifique et nous avons été surpris des résultats, alors retour à la navigation d’il n’y a pas si longtemps, la navigation astronomique!
La navigation astronomique au sextant
L’observation des astres comme moyen de navigation est, contrairement à ce que nous pourrions en penser, une science efficace et assez précise pour les initiés. De plus, elle ne fut pas inventée récemment pour pallier à d’éventuelles défaillances techniques mais fut la compagne indispensable de nombreux marins dans l’histoire de l’humanité avant l’avènement des technologies actuelles.
En effet, depuis que l’humanité est en âge de laisser des traces lui permettant de retracer son histoire, il semble que celle-ci se soit toujours posé la question de sa position et par extension, de sa place dans l’univers.
Bien avant de connaître la nature réelle des étoiles et des planètes observables donc, l’homme les utilisait déjà pour se diriger, se positionner, connaître l’heure ou encore, pour déterminer la circonférence du globe terrestre.
Le sextant
Inventé en 1731, le sextant est une forme améliorée de l’astrolabe, l’instrument qu’utilisaient les Byzantins et les Grecs autrefois, mais ceci est une autre histoire.
Le principe du sextant est simple : il permet d’obtenir la hauteur angulaire d’un astre situé au-dessus de l’horizon.
C’est dans cet angle que réside le secret pour retrouver sa position. L’astre qui est utilisé majoritairement est le Soleil bien que la lune ainsi que les étoiles puissent également servir.
Tu peux retrouver une petite capsule explicative que nous avons fait ici.
Il existe deux grandes méthodes pour calculer sa position grâce au soleil : la méridienne ainsi que la droite de hauteur. Chacune des méthodes a ses avantages et ses inconvénients.
La méridienne
L’avantage principal de cette méthode réside dans sa simplicité. Seuls trois éléments sont nécessaires pour trouver sa position grâce à la méridienne, un sextant, une montre et les éphémérides nautiques de l’année en cours. Les éphémérides sont des tables destinées à prédire avec précision la position des astres et donnent entre autres l’heure exact du zénith à Greenwich.
L’inconvénient principal de cette méthode est qu’elle doit être réalisée à un moment donné de la journée: au zénith du soleil à notre position, ce qui est en général aux alentours de midi heure locale. Pourquoi est-ce que c’est un inconvénient? Parce que si le ciel est couvert ou si un nuage passe devant le soleil à ce moment-là alors c’est raté, pas de position pour aujourd’hui! Ce qui est quand même embêtant!
En bref voici d’où proviennent nos coordonnées à travers cette méthode :
La longitude est la différence d’heure entre le zénith à Greenwich (qui est extrait des éphémérides) et le zénith mesuré à notre position grâce au sextant.
La latitude est donnée par la valeur de la hauteur angulaire du soleil au zénith mesuré avec le sextant et corrigé grâce aux éphémérides.
Et voilà, c’est tout, te voici avec ta position!
La droite de hauteur
L’avantage principal de la méthode de la droite de hauteur est que, contrairement à la méridienne, on peut prendre les mesures à presque n’importe quel instant de la journée! Dans une journée nuageuse, dès que le soleil montre son visage on peut être à l’affût pour prendre sa hauteur angulaire et le tour est joué!
Par contre ici les éphémérides et une montre ne seront pas suffisantes, il faut également avoir d’autres tables de navigation comme les HO 249, prendre plusieurs mesures au courant de la journée, connaître notre cap moyen et la distance parcourue entre chacune de ces mesures.
Si la mesure en tant que telle au sextant est souvent plus rapide dans cette méthode que dans la précédente, le temps passé à la table à carte à faire des calculs est cependant nettement plus long.
Mais mieux vaut ça que de ne pas savoir où l’on est!
La précision dans la navigation astronomique
Il est surprenant de réaliser à quel point la navigation astronomique peut se révéler précise.
Complètement novices dans la matière nous en avons fait l’essai à plusieurs reprises lors de nos différentes traversées de l’Océan Pacifique et Atlantique et nous avons été surpris de la précision de nos positions par rapport à celles données par notre GPS. En fait la majorité des erreurs facilement évitables proviennent d’erreurs de calculs parce qu’avec autant de tables et de chiffres il est facile de s’y perdre. L’autre source d’erreur provient de la mesure de l’angle du soleil avec l’horizon au temps donné! Ajoutez-y des vagues et le roulis de l’embarcation et voilà de quoi ajouter quelques miles d’erreur!
Les erreurs de notre position astronomique par rapport au GPS ont été de 20miles environ lors de nos premières mesures pour finir avec moins de 3 miles d’erreur dans nos dernières. Et 3 miles nautiques dans un océan ce n’est pas grand-chose et les occasions où tu auras besoin d’une telle précision seront très rares, car à cette distance tu devrais déjà pouvoir voir la terre ferme!
Alors sur ce, à ton sextant et à bientôt!!
Comments